Crise financière ?

Publié le par Attac France

LES PRÉMICES D'UNE CRISE FINANCIÈRE INTERNATIONALE : LE PRIX DE LA DÉRÉGLEMENTATION FINANCIÈRE !
http://www.france.attac.org/spip.php?article7334



Les marchés financiers sont le théâtre de soubresauts dangereux depuis
plusieurs mois. Les places financières perdent confiance, ce qui
entraîne une grande instabilité des cours. Cette situation de crise
était prévisible. Elle résulte des prises de risque excessives et des
comportements spéculatifs des principaux acteurs financiers dans le
contexte d'argent facile et à bon marché de ces dernières années.

Cette crise a débuté aux États-Unis et tend à se généraliser à
l'ensemble des places financières de la planète. Les difficultés ont
commencé au printemps 2007 avec la crise du marché du crédit
immobilier américain (subprime) qui a entraîné des faillites en
chaîne, dont celle de l'un des plus grands établissements américains,
l'American Home Mortgage (AHM). La crise américaine reflète bien la
situation très particulière des États-Unis, émetteurs du dollar,
principale monnaie internationale. Ce pays enregistre des déficits
extérieurs depuis deux décennies, accumulant une dette internationale
énorme estimée à 3000 milliards de dollars. Cette dette est portée par
des créanciers étrangers, qu'il s'agisse des bons du Trésor américains
détenus par la Banque centrale chinoise, ou de la dette immobilière
des ménages américains rachetée par les banques et les investisseurs
étrangers, européens notamment.
Conséquence de la mondialisation financière, la crise américaine s'est
propagée aux pays dont les banques ont participé au financement très
rentable de l'immobilier aux États-Unis. Ainsi en Allemagne, la banque
IKB, acteur majeur du financement des petites et moyennes entreprises
(PME), s'est trouvée piégée par son exposition aux risques du marché
immobilier américain. Elle a dû faire l'objet d'un sauvetage en
urgence par les autorités allemandes, pour éviter une contagion aux
systèmes bancaires allemand et européen, ce qui ne s'était pas vu
depuis la grande crise des années 1930 !
La crise financière s'intensifie désormais avec la débâcle des Hedge
Funds (fonds spéculatifs) et des Private Equity Funds. Bénéficiant de
taux d'intérêt très bas, d'une fiscalité très favorable et d'un grand
laxisme des autorités financières, ces acteurs ont pris une place
centrale sur les marchés financiers. Empruntant massivement auprès des
banques, les Private Equity Funds ont racheté de nombreuses
entreprises en pratiquant des opérations de leverage buyout (LBO). En
d'autres termes, avec un apport de fonds propres réduit à 10%, ces
investisseurs ont acheté à crédit des entreprises dans le seul but de
les revendre rapidement en réalisant d'appréciables plus-values.

Cette technique du LBO est doublement scandaleuse. D'une part, ces
acquisitions à crédit, ou par effet de levier, permettent aux fonds et
aux dirigeants de s'enrichir rapidement sur le dos des entreprises et
de leurs salariés en faisant rembourser par la société rachetée, via
le versement de généreux dividendes, l'essentiel du coût de son
acquisition. D'autre part, les LBO ont contribué à gonfler d'une
manière excessive les crédits bancaires, ce qui est un des facteurs
actuels de déstabilisation des systèmes bancaires. Le resserrement du
crédit consécutif à la crise financière actuelle, ainsi que la hausse
des taux d'intérêt décidée par les banques centrales, mettent en
difficulté ces prédateurs financiers dont certains ont déjà fait
faillite. Ce qui risque d'entraîner la fermeture des entreprises
contrôlées par ces investisseurs, avec d'importantes destructions
d'emplois à la clé.
Les comportements de spéculation et de prédation des principaux
acteurs de la finance internationale (Hedge Funds, Private Equity
Funds et banques) sont largement responsables de la crise financière
actuelle, encouragés par le laxisme des autorités financières et
monétaires. Celles-ci n'ont pas voulu s'opposer aux pratiques
irresponsables qui mettent aujourd'hui en danger la stabilité des
systèmes financiers. Cette crise, qui risque de s'étendre, menace la
pérennité des entreprises victimes des acteurs de la finance dont le
seul objectif est de réaliser des gains à court terme.

Seul un contrôle étroit des marchés financiers et de leurs acteurs est
de nature à prévenir des crises financières, dont l'expérience récente
a montré qu'elles pouvaient avoir un coût économique et social élevé.
Parmi les mesures qu'il est urgent de prendre pour mettre la finance
au service de l'économie, Attac propose :
- d'instaurer un contrôle des mouvements de capitaux permettant de
limiter les phénomènes de contagion entre les pays en proie à des
crises financières ;
- d'imposer des règles strictes aux investisseurs tels que les Hedge
Funds et les Private Equity Funds pour limiter les prises de risques
excessives qui mettent en danger la stabilité financière ; par
exemple, il devient nécessaire de mettre fin aux effets de levier
(LBO) qui permettent aux Private Equity Funds d'acheter des
entreprises en finançant à crédit 90% de la valeur de l'entreprise ;
- d'exiger des Banques centrales qu'elles incluent la stabilité des
marchés financiers parmi leurs objectifs prioritaires. Il est
anachronique que la BCE exerce une vigilance étroite sur l'évolution
des prix des biens et services, alors que celle-ci est aujourd'hui
largement maîtrisée, et que la même BCE ne cherche pas à intervenir
pour lutter contre l'instabilité parfois dévastatrice des prix des
actifs financiers et immobiliers.
- d'organiser la fermeture des paradis fiscaux par lesquels transitent
près de 50% des mouvements internationaux de capitaux, et d'instaurer
la levée du secret bancaire dans ces zones de non-droit de manière à
permettre aux autorités d'y mener des contrôles fiscaux et
judiciaires.
Dans cette situation, les gouvernements ne doivent pas fuir leurs
responsabilités. En particulier, il est du rôle de l'Union européenne
de prendre les initiatives appropriées pour que cette tourmente ne se
transforme pas en crise financière majeure.
Attac France,
Montreuil, le 8 août 2007

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